Il y a un peu plus de 5 ans, j’ai entamé une transition capillaire.
Une décision intime, que j’ai fait grandir patiemment, notamment grâce aux conseils trouvés sur le site La Belle Boucle. Ce chemin m’a permis, petit à petit, de renouer avec la vraie nature de mes cheveux et d’apprendre à en prendre soin avec douceur.
Petite, j’avais les cheveux très longs. Mais ni ma mère, ni moi ne savions vraiment comment en prendre soin, et un jour, elle a pris la décision de m’emmener chez le coiffeur. Je me souviens encore de mes larmes, comme si une partie de mon identité m’échappait avec chaque mèche tombée au sol.
À l’adolescence, ma meilleure amie Julie, que je connais depuis près de 29 ans, a été une source précieuse d’inspiration et de soutien. Coiffeuse de formation, elle a dû abandonner le métier après deux années d’apprentissage en salon, à cause d’allergies aux produits capillaires — un coup dur qu’elle a transformé en rebond professionnel en se reconvertissant dans la vente, avec l’obtention d’un deuxième diplôme. Plus tard, elle a obtenu son bac pro commerce par la voie de la VAE, une preuve de sa ténacité et de sa volonté d’apprendre malgré les détours.
Aujourd’hui, elle poursuit une reconversion dans les ressources humaines, et nous avons cette coïncidence douce d’avoir repris nos études pratiquement au même moment, à 34 ans. Nos chemins sont différents, mais une chose nous relie profondément : l’entraide. Julie m’a souvent conseillée pour prendre soin de mes cheveux, et de mon côté, je l’ai soutenue dans la lecture des textes officiels liés à sa reprise d’études, grâce à mon bagage juridique.
Je me souviens aussi qu’à cette époque de l’adolescence, j’étais fascinée par le personnage de Clémentine, incarnée par Kate Winslet, dans le film The Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Ce personnage libre, fantasque et insaisissable, changeant de couleur de cheveux comme d’humeur, a été une source d’inspiration pour moi. J’ai moi aussi osé les couleurs les plus audacieuses : rouge magenta, bleu électrique, violet, rose… Un vrai kaléidoscope d’expériences capillaires, mais aussi un moyen d’explorer qui j’étais, au-delà des apparences.
C’est en 2020 que j’ai franchi une étape plus apaisée dans mon rapport à mes cheveux, en me tournant vers le henné naturel — une solution conseillée par Julie, pour couvrir mes premiers cheveux blancs tout en respectant leur texture.
Et puis, il y a quelques jours, après plus de deux ans et demi sans y être retournée, j’ai poussé la porte d’un coiffeur. Non pas pour changer de tête, mais pour rafraîchir, égaliser et rebooster la pousse de mes cheveux.
Lorsque j’en ai parlé à ma mère, sa réaction m’a surprise :
elle m’a demandé de ne pas trop les couper, elle qui, 27 ans plus tôt, m’avait accompagnée à ce rendez-vous que je n’avais jamais vraiment oublié.
Un joli symbole, comme si la boucle — capillaire et affective — se refermait en douceur.
Nos histoires capillaires sont souvent bien plus qu’une question d’apparence. Elles racontent nos étapes, nos épreuves, nos envies de changement ou de renaissance. Elles tissent des liens invisibles entre nos souvenirs d’enfance, nos amitiés fidèles et nos choix d’adultes.