Il y a des films qui bouleversent non pas par leurs effets, mais par la lucidité avec laquelle ils exposent les dynamiques invisibles.
Une séparation, du réalisateur iranien Asghar Farhadi, fait partie de ceux-là .
À travers le drame d’un couple en crise, il révèle ce que beaucoup vivent dans le silence : l’usure psychologique, la manipulation émotionnelle, et les jeux de pouvoir dans l’intime.
🔍 La triangulation narcissique : un mécanisme insidieux
Avant de revenir au film, mettons des mots sur une tactique redoutable utilisée dans les relations toxiques : la triangulation.
La triangulation, c’est quand une personne introduit un tiers – réel ou imaginaire – dans la relation pour diviser, affaiblir ou dominer. C’est une stratégie courante chez les personnalités narcissiques.
Elle vise Ă :
- vous faire douter de vous,
- créer de la jalousie,
- détourner les conflits,
- et surtout maintenir le contrĂ´le.
Ce que l’on vit alors n’est plus une relation : c’est un théâtre d’ombres où la manipulation règne.
🎠Une séparation : un terrain de tensions et de loyautés brouillées
Dans Une séparation, on assiste à la désintégration d’un couple, mais surtout à l’effondrement de toutes les certitudes dans un environnement où chacun cherche à sauver la face.
La force du film, c’est qu’il ne désigne jamais de « méchant ». Pourtant, on sent que certains personnages jouent à merveille la carte de la triangulation pour garder l’ascendant moral ou affectif.
La justice, la famille, la religion, la classe sociale : chaque élément devient un tiers dans la relation. Un levier. Une pression.
Ce que fait Farhadi dans ce film, c’est exposer la manière dont un système peut amplifier les logiques narcissiques, même chez des personnes ordinaires.
💔 Et moi, dans tout ça ?
Si ce film m’a remuée, c’est parce qu’il m’a confrontée à mes propres relations passées, dans lesquelles j’ai été victime de triangulation.
Quand un ex parlait sans cesse de son ex.
Quand on me disait “tu es trop” et que d’autres étaient “meilleures”.
Quand l’autre introduisait un discours extérieur (“tout le monde pense que tu exagères”) pour éviter ses propres responsabilités.
Et plus récemment, quand certaines personnes autour de moi – en apparence amicales ou bienveillantes – ont semé le doute dans mon couple, pour mieux en tirer profit émotionnel.
Je ne veux pas les nommer. Je veux mettre en lumière le mécanisme, pas accuser les visages.
✍️ Pourquoi il faut en parler
Parce qu’en reconnaissant la triangulation, on s’autorise à sortir de la confusion.
Parce qu’on comprend que le problème n’est pas notre jalousie, notre insécurité ou notre “drama” supposé.
Le problème, c’est que quelqu’un a organisé le triangle pour ne jamais perdre.
Et ce n’est pas réservé aux couples.
On le voit dans les amitiés, dans les familles, dans les cercles professionnels.
Si je partage tout cela, c’est pour rappeler une chose essentielle :
Développer son intelligence émotionnelle, ce n’est pas devenir docile.
C’est apprendre à voir clair. À poser des limites. À se libérer.
Une séparation nous montre que la vérité n’est jamais simple.
Mais aussi que le silence, la peur et la confusion arrangent souvent celui ou celle qui manipule.
Et moi, aujourd’hui, je choisis de ne plus jouer dans ce triangle.
Je choisis l’alignement, la clarté et la paix.
💫 Et si la réponse était la sororité ?
Si j’ai tenu jusqu’ici, ce n’est pas uniquement grâce à la lucidité ou à la force intérieure.
C’est aussi parce que des femmes m’ont tendu la main, écoutée sans jugement, soutenue sans condition.
Certaines d’entre elles sont entrées dans ma vie à travers :
- mon travail,
- la chorale Gospel,
- les activités extrascolaires de mes fils,
- ou plus récemment, en Classe Talents à l’IRA.
Des regards complices, des conversations profondes, des rires salvateurs.
La sororité m’a permis de me recentrer, de me relever, et surtout de ne pas me croire seule.
Quand les relations amoureuses s’effritent ou se compliquent, l’amitiĂ© entre femmes devient une base solide, une rĂ©ponse douce Ă la violence narcissique.
✨ Sortir du triangle, c’est aussi se relier au cercle.
Celui des femmes qui avancent ensemble, sans se comparer, sans s’effacer.
Et dans ce cercle-là , on ne perd pas. On se relève.