Il y a des voyages qu’on choisit.
Et puis il y a ceux qu’on encaisse d’abord, avant de les comprendre.
L’été dernier, j’ai pris un billet pour Barcelone. Seule.
Pas pour fuir, ni pour me réinventer.
Juste pour me foutre la paix, au moins quelques jours.
Marcher sans horaire, m’attarder dans une ruelle, écrire sans but précis.
J’avais besoin d’air — pas de vide, mais d’air. De silence sans tension.
Quelques mois plus tard, je suis allée seule au cinéma voir Partir un jour.
Une femme revient dans son village natal, forcée par la maladie de son père.
Ce retour la fissure et la réaligne à la fois.
Pas d’effusion, pas de morale. Juste le désordre doux des retrouvailles avec soi-même.
En sortant, j’ai pensé à cette place vide à Barcelone, où je m’étais assise à 8h du matin, carnet sur les genoux.
J’y ai compris une chose : partir seule, ce n’est pas s’égarer — c’est se choisir. Même si c’est inconfortable.
💥En 2008, j’ai quitté la région parisienne.
J’avais 18 ans, des rêves flous et une urgence intérieure.
Je ne pensais pas partir si tôt de chez mes parents.
Mais les opportunités sont venues, et j’ai dit oui.
À cette époque, j’ai croisé le chemin d’une personne qui, je le comprends aujourd’hui, n’était pas faite pour moi.
Mais j’ai continué à avancer. À me reconstruire.
Et je ne regrette pas d’avoir misé sur moi.
Aujourd’hui, je prépare mon départ de Metz.
Doucement. Lucidement.
Berlin ne sera pas un exil. C’est un test. Une ouverture.
Pas de ligne droite, pas de rupture nette. Juste une transition choisie.
Je n’ai pas besoin d’avoir toutes les réponses pour faire le premier pas.
Partir un jour n’est pas un film sur le passé qu’on enterre.
C’est un film sur les liens qui tiennent, malgré les silences.
Et sur ce que l’on choisit de devenir, quand on décide de ne plus rester figé.
Je n’ai plus peur de recommencer.
Et surtout, je n’ai plus peur d’être seule, si c’est pour être entière.