Entre mes 8 et 21 ans, le théùtre a été mon refuge.
Je lâai dĂ©couvert Ă lâĂ©cole, poursuivi dans des cours extrascolaires, et plus tard, Ă Metz, il mâa suivie dans lâatelier théùtre du foyer de jeunes travailleurs oĂč jâai vĂ©cu Ă mon arrivĂ©e.
Le théùtre, pour moi, nâĂ©tait pas un passe-temps.
CâĂ©tait une nĂ©cessitĂ©. Une arme douce contre la timiditĂ©, un espace pour apprendre Ă me tenir droite et me faire entendre sans hausser la voix.
Aujourdâhui encore, mĂȘme si je nâai plus peur de parler en public, lâexpression orale reste un dĂ©fi dans lâintimitĂ©, dans les contextes Ă©motionnels, dans les entretiens, les confrontations.
Durant ma grossesse, jâavais rejoint un club dâorateurs. Jâai dĂ» lâabandonner Ă lâarrivĂ©e de mes enfants, pour des raisons logistiques. Mais le besoin de trouver ma voix ne mâa jamais quittĂ©e.
đ¶ Alors je transmets.
Mes enfants, eux, vont Ă la musique depuis quâils ont 21 mois.
La musique a structuré leurs premiÚres années.
Et maintenant quâils ont 4 ans, jâenvisage de les initier au théùtre, grĂące aux ateliers proposĂ©s par le TJP Ă Strasbourg.
Pas pour quâils soient artistes.
Mais pour quâils puissent, dĂšs maintenant, apprendre Ă sâexprimer autrement quâavec des mots.
Jâai regardĂ© il y a quelques temps la sĂ©rie Adolescence sur Netflix, et jâai Ă©tĂ© bouleversĂ©e par ce quâelle rĂ©vĂšle :
Le mal-ĂȘtre adolescent est souvent le rĂ©sultat dâune parole quâon nâa pas su dĂ©poser Ă temps.
Je ne veux pas attendre que mes enfants aient 15 ans pour leur demander comment ils vont.
Je veux leur offrir, dĂšs lâenfance, des langages parallĂšles : la musique, le théùtre, le dessin, le corps en mouvement.
Des moyens de dire ce qui déborde, ce qui coince, ce qui pousse à sortir.
Le théùtre, dans sa forme la plus simple, est une école de la vie.
On apprend à écouter, à incarner, à se taire, à oser.
On devient tour Ă tour narrateur, contradicteur, spectateur de soi-mĂȘme.
Et si je leur transmets cela aujourdâhui, câest pour quâils aient une alternative, le jour oĂč les mots leur feront dĂ©faut.