Il y a quelques jours, je suis allée au cinéma avec mes enfants voir Le Peuple migrateur.
Un film sans voix off envahissante, sans scĂ©nario ficelĂ©, sans hĂ©ros Ă sauver â mais une poĂ©sie visuelle brute, organique.
Des oiseaux qui volent, traversent les paysages, migrent.
Le réel dans toute sa majesté.
Mes enfants ont aimé⊠jusquâĂ un certain point. Lâattention sâest diluĂ©e, comme souvent Ă leur Ăąge, quand lâaction ne suit pas les codes narratifs dâun Pixar ou dâun Miyazaki.
Mais ce nâest pas grave.
Parce que lâexposition au rĂ©el, mĂȘme sâil bouscule ou semble âennuyeuxâ sur le moment, plante des graines invisibles.
đ± Devenir spectateur, câest aussi devenir conscient
Enfant, jâai moi aussi vu des documentaires animaliers.
Je me souviens des plans sur les élevages, des images de migration, de la beauté des écosystÚmes fragiles.
Et je crois que câest ça, le dĂ©but de ma conscience.
Pas celle quâon verbalise, mais celle qui nous relie au vivant sans quâon sache encore pourquoi.
Aujourdâhui, je lis Faut-il manger les animaux de Jonathan Safran Foer.
Un texte fort, inconfortable parfois, mais salutaire.
Je suis en chemin, peut-ĂȘtre vers le vĂ©gĂ©tarisme, ou du moins une pratique plus consciente de lâalimentation â un flexitarisme raisonnĂ©, comme on dit pudiquement.
La France, terre de rĂ©sistance (Ă lâassiette vĂ©gĂ©tale)
Jâai toujours eu une relation distante Ă la viande.
Mais en France, jâai longtemps eu honte de dire que je nâaimais pas ça.
Ă 17 ans, quand jâai voulu devenir vĂ©gĂ©tarienne, on mâa regardĂ©e comme une extraterrestre.
Et pourtant⊠quand je suis allĂ©e en Angleterre, en Belgique, en Allemagne, jâai dĂ©couvert un monde possible, oĂč les restaurants proposent autre chose quâun âplat vĂ©gĂ©tarien = lĂ©gumes vapeurâ.
Mon dĂ©part prochain Ă Berlin nâest pas un exil alimentaire.
Mais je sais quâil mâaidera Ă reconnaĂźtre et assumer cette part de moi que jâai trop souvent mise sous silence pour ne pas dĂ©ranger.
đŁ Une transmission en douceur
Je ne force pas mes enfants Ă manger comme moi.
Mais je leur propose.
Je leur montre des documentaires, je leur parle de ce que je lis.
Je leur apprends que manger, câest un acte culturel, politique, affectif â pas seulement un rĂ©flexe.
Et peut-ĂȘtre quâun jour, eux aussi, comprendront pourquoi Maman a commencĂ© Ă regarder Le Peuple migrateur avec un peu de nostalgie dans les yeux, et beaucoup de gratitude dans le cĆur.