Il y a des vérités qu’on ne dit pas pour accuser, mais pour éclairer.
Des expériences qu’on ne partage pas pour se plaindre, mais pour comprendre comment on en arrive là.
Et puis, il y a l’amour. Celui qu’on cherche, qu’on maltraite parfois, qu’on tente de réparer à travers les autres.
Ces dernières années, j’ai aimé des hommes blessés, ambigus, absents parfois.
J’ai aussi été trahie par une femme. Pas à cause de son genre, mais à cause de ce qu’elle a choisi de semer.
Et parce que j’ai souffert, j’ai un instant failli croire que le mal venait de leurs identités. Mais la vérité, c’est que le danger ne vient jamais de là.
Je regarde autour de moi, aujourd’hui, et je vois des couples de femmes qui élèvent un enfant dans la tendresse, des hommes musulmans droits et doux, des personnes trans ou non-binaires qui ne demandent qu’à être vues pour ce qu’elles sont : humaines, comme moi.
Il m’a fallu du temps pour déconstruire les réflexes de protection que la douleur avait figés en moi.
Bohemian Rhapsody, ou l’ambivalence de l’identité
En regardant Bohemian Rhapsody, j’ai été bouleversée.
Pas seulement par la musique ou la puissance de Freddie Mercury, mais par la manière dont son identité a été fragmentée, utilisée, diluée dans des rapports de pouvoir, de désir, de solitude.
La célébrité, l’ambiguïté sexuelle, l’isolement affectif. Tout cela ne crée pas la perversion. Ce sont le silence, la honte et le rejet qui déforment les âmes.
Ce que Freddie cherchait, c’était l’amour vrai. Pas celui qu’on crie sur scène, mais celui qu’on murmure dans une cuisine en pyjama.
Sang d’encre, ou les figures d’emprise
Dans Sang d’encre, le roman noir de J.K. Rowling écrit sous pseudonyme, on entre dans un monde de manipulation, de mensonges bien ficelés, de violence psychologique enfouie.
On y lit en filigrane la peur d’être soi quand l’autre se cache derrière des masques.
Ce livre m’a réveillée : j’ai connu des relations où la domination se déguisait en admiration, où l’on m’aimait mal, mais fort, au point que je ne savais plus qui j’étais en dehors du regard de l’autre.
Cassie a sauvé Cassie.
Ces jours-ci, le procès de P. Diddy secoue les médias.
Une affaire trouble, entre pouvoir, abus, et identités floues.
Mais ce qui m’a touchée, c’est le message du mari de Cassie après son témoignage :
“Je n’ai pas sauvé Cassie, comme certains l’ont affirmé. Dire cela, c’est insulter les années de travail douloureux qu’elle a accomplies pour se sauver elle-même. Cassie a sauvé Cassie.”
C’est peut-être ça, la clef.
On ne sauve pas l’autre.
On apprend à se sauver soi, et à choisir des relations où l’on peut rester debout sans se déguiser.
Choisir l’amour sans étiquette
Aujourd’hui, j’avance doucement vers un amour différent. Un amour qui ne s’excuse pas d’exister, mais qui ne cherche pas non plus à se justifier.
Je ne veux plus avoir peur d’aimer un homme qui croit en Dieu.
Ni reculer devant quelqu’un qui a aimé dans le désordre.
Je veux apprendre à reconnaître la violence sans la confondre avec la différence.
Et si j’élève mes enfants dans cette voie, c’est pour qu’ils sachent que l’amour n’a pas de genre, de religion ou de couleur.
Mais qu’il a une seule exigence : la vérité.