🎓 De la résilience à l’ICN : chronique d’un parcours qui ne rentre pas dans les cases

À 35 ans, j’intègre la 2ᵉ année du Programme Grande École à l’ICN Business School, après avoir été classée 13ᵉ sur 595 au concours Lorrain 2. Une fierté ? Oui. Mais surtout l’aboutissement d’un parcours aussi cabossé qu’engagé, qui n’a jamais suivi les sentiers balisés.

✏️ Des débuts prometteurs… puis les premières fissures

Jusqu’à mes 14 ans, j’étais une “bonne élève” : sérieuse, souvent brillante, parfois en avance. On me projetait déjà en classe européenne, j’avais même passé des examens d’entrée dans un collège à Paris La Défense. Mais les déménagements, puis le divorce de mes parents, sont venus fracturer cette trajectoire linéaire.

Au lycée, j’ai sombré. Premier échec au bac S à 18 ans. Un moment de bascule silencieux, où j’ai perdu confiance sans trop le dire. J’ai dû apprendre à survivre avant d’apprendre à réussir.

👷‍♀️ L’école de la débrouille et les diplômes en différé

J’ai enchaîné les petits boulots : nettoyage, restauration, animation BAFA… Et à 22 ans, en candidate libre, j’ai fini par décrocher mon bac scientifique. Huit ans plus tard, je décroche un deuxième bac — un bac pro Métiers de la mode, mention très bien. La couture comme acte de reconstruction, de créativité et de dignité retrouvée.

👩‍👦 Maman solo et étudiante non traditionnelle

Entre-temps, je suis devenue mère… de jumeaux. Être maman solo n’a pas été un frein à mes ambitions : ça en a été le moteur. J’ai repris mes études, obtenu une VAPP (Validation des Acquis Personnels et Professionnels) qui m’a permis d’intégrer la licence d’administration publique à Metz. Puis j’ai été sélectionnée pour la Classe Talents de l’IRA, tout en avançant à mon rythme, entre couches, cours du soir, et dossiers de bourses.

Et parce que la vie n’a pas fini de surprendre, me voilà aujourd’hui futur assistant de langue française à Berlin, tout en intégrant ICN Business School à mon retour, pour un double projet : entrepreneuriat textile et éducation.

📚 Lire pour survivre, comprendre, avancer

Je lis en ce moment De La Haine à Hollywood de Saïd Taghmaoui. Ce récit me touche profondément : celui d’un garçon étiqueté, classé, sous-estimé… qui finit par s’imposer, sans trahir ce qu’il est. C’est un peu ce que je ressens aujourd’hui : je n’ai pas changé pour rentrer dans le moule. J’ai construit un moule à ma taille.

💬 Et maintenant ?

Mon projet ne s’arrête pas là. Je veux enseigner, créer, transmettre. Bâtir des ponts entre innovation textile, inclusion sociale et pédagogie artistique. ICN sera une étape parmi d’autres — mais une étape symbolique, car elle incarne ce que je répète souvent à mes enfants : « Ce n’est pas parce que tu tombes que tu ne vas pas te relever haut. »

💡 Un jour, peut-être, je ferai cours à celles et ceux qu’on appelle “les décrocheurs”. Mais pour l’instant, je construis ma propre montée.