Ces derniers mois, mon corps a traversĂ© des tempĂȘtes que je nâavais pas vues venir.
Ă Berlin, jâai fini bloquĂ©e : mon dos refusait de bouger autrement quâen douleur. Puis, Ă mon retour Ă Metz, la vie mâa poussĂ©e dans des replis que je nâĂ©tais pas prĂȘte Ă affronter. Jâai pris du poids â beaucoup â entre mes TCA, mes angoisses, les incertitudes.
Ă force de marcher, de pĂ©daler, de me rappeler que je devais « tenir », je me suis perdue dans lâidĂ©e que bouger suffisait. Que je devais ĂȘtre forte, constante, solide.
Et pourtant, il me manquait quelque chose : un espace de liberté, un lieu pour que mon corps respire autrement que dans le cadre strict du déplacement.
đ„ Retrouver la danse, dĂ©sordonnĂ©e et sacrĂ©e
Câest en lisant un article sur Traxmag en 2020 que jâai senti une petite Ă©tincelle se rallumer. Lâarticle, âDe lâimportance de danser comme un idiot â ou les bienfaits de la danse sur lâhumanitĂ©â, parle exactement de ce que je ressentais : de la puissance de la danse libre, non codifiĂ©e, non chorĂ©graphiĂ©e, simplement portĂ©e par le corps, la musique et lâĂ©motion.
Ce que jâai lu lĂ mâa dĂ©complexĂ©e : jâai compris que ce besoin que jâavais depuis lâenfance â danser sans retenue, juste pour le plaisir â Ă©tait non seulement lĂ©gitime, mais profondĂ©ment bon pour moi.
đ Une musique au carrefour de mes origines
En grandissant, jâai Ă©tĂ© influencĂ©e par deux cultures qui, en moi, vivent le mouvement de maniĂšre diffĂ©rente.
Dans la culture iranienne, la danse nâest pas juste un geste : câest une langue. Les mains parlent, les poignets racontent des histoires, les Ă©paules dessinent des Ă©motions. Il y a un sens du mouvement, une fluiditĂ©, une sensualitĂ© subtile, presque innĂ©e.
Le rapport au corps en France est souvent plus retenu, plus contenu, parfois mĂȘme un peu figĂ©.
Peut-ĂȘtre que si je me suis toujours retrouvĂ©e Ă danser ânâimporte commentâ, câest parce que jâai hĂ©ritĂ© dâune envie irrĂ©pressible de bouger, de vibrer, de laisser le corps raconter ce que les mots ne savent pas dire.
Et câest souvent vers certaines musiques traditionnelles que je reviens, presque instinctivement :
des mélodies qui ondulent,
des rythmes qui appellent les hanches,
des percussions qui réveillent le feu intérieur.
Je crois que câest lĂ que je me sens le plus moi-mĂȘme :
dans ce mélange,
dans ce mouvement,
dans cette danse venue de trĂšs loin, mais qui me traverse encore aujourdâhui.
đ§ââïž Pourquoi cette danse me soigne
- LĂącher prise Ă©motionnel : Mes gestes deviennent imprĂ©visibles, libres. Je ne presse pas mes mouvements pour ĂȘtre âjusteâ : je me laisse porter.
- RĂ©appropriation corporelle : AprĂšs des mois de lutte, jâutilise la danse pour renouer avec mon corps, pour lui dire : âTu es Ă moi, tu es vivant, tu peux vibrer.â
- ThĂ©rapie naturelle : Mon corps libĂšre ces molĂ©cules du bonheur (endorphines, dopamineâŠ), le stress sâĂ©loigne, la respiration revient.
- Connexion Ă mes racines : Les musiques qui rĂ©sonnent en moi sont un retour aux origines, Ă ce que je suis profondĂ©ment. Danser, câest honorer cet hĂ©ritage.
- Création de mon espace sacré : Chaque session de danse est une sorte de rituel personnel. Pas de miroir, pas de jugement, juste un corps et une musique, ensemble.
đĄ Comment je fais pour intĂ©grer cette danse dans ma vie
- Je réserve un moment, parfois le matin, parfois le soir, juste pour danser.
- Je choisis des playlists conscientes de mes racines : les mélodies orientales, les percussions africaines, les voix turques, tout peut y passer.
- Je laisse les gestes venir : je ne planifie pas, je ne calcule pas.
- Je note dans un carnet ce que je ressens aprĂšs chaque danse : des mots simples, des sensations, des images.
- Je mâautorise Ă danser seule
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Danser âcomme une idioteâ, sans style ni structure, nâest pas un dĂ©ni de beautĂ©, mais une rĂ©affirmation de soi.
Câest dire au monde : âJe suis lĂ , entiĂšre, imparfaite, libĂ©rĂ©e.â
Et câest en dansant sur les musiques qui me traversent que je retrouve ma voix, mon corps, mon souffle.

